TDR: Bonjour Étienne.. ravi de faire ta connaissance, Nous allons parler aujourd'hui d'un nouveau rhum agricole sur Tahiti...Comment vous est il venu l envie de créer un rhum,alors que vous êtes a l 'origine habitué à créer des jus de fruits?
Nous fabriquons des jus de fruits depuis 1981, date de création de l’usine, mais nous avons une expérience solide dans la production d’alcools puisque dès 1984, nous utilisions les écorces d’ananas pour une mise en fermentation suivie d’une distillation pour sortir nos premières bouteilles d’eau-de-vie. La gamme s’est élargie depuis avec liqueurs, punchs, rhums arrangés (base mélasse), mais également une production de « vins » d’ananas qui suscitent la curiosité de nos visiteurs. L’envie de créer un rhum agricole est née du fait qu’aucun rhum polynésien de qualité n’était positionné sur ce marché. Il fallait donc se tourner vers un rhum Antillais pour confectionner ses ti’punchs… Or la qualité du terroir polynésien et la présence de la canne O’Tahiti dans nos îles permettaient de réaliser ce projet. Nous avions en outre l’équipement industriel pour le faire.
TDR : il existe aujourd'hui un blanc tirant à 40% , un à 50% et un ambré à 42% élevés en fut de chêne ayant contenu du bourbon....Etes vous sur une même culture biologique que vos jus de fruits?
Nous n’avons pas axé le développement de nos rhums sur une labellisation bio, le marché des spiritueux n’étant pas encore réceptif à cet argument, contrairement au marché des jus de fruits où la segmentation est réelle entre le bio et le conventionné. Il n’en demeure pas moins que nous attachons beaucoup d’importance à la culture des cannes qui se fait de manière extensive avec une place donnée aux allées de circulation ce qui permet une coupe manuelle sans encombre et facilite aussi l’utilisation de la bagasse comme engrais organique aux pieds des cannes. Nous conservons la biomasse telle que nous la trouvons lorsque nous ouvrons une nouvelle parcelle, nous conservons ainsi les qualités de notre terroir avec une intervention humaine réduite au strict minimum. Il n’y a d’ailleurs aucun herbicide, fongicide ou pesticide utilisés par les planteurs, il sera donc aisé de mettre en œuvre une certification biologique si cela nous paraît nécessaire.
TDR : vous êtes partenaires de grandes causes environnementales....vos jus de fruits sont réputés pour leur qualité de saveurs gustatives..Vous êtes vous inspirés de cela pour créer des Rhums d exception?
Le goût est effectivement la première clé d’entrée dans la conception de nos produits. Nous souhaitons retranscrire au maximum les qualités originelles du fruit frais. Pour cela, nous avons fait le choix d’une coupe des cannes à la main, d’un seul passage en moulin le jour même sans adduction d’eau et d’une fermentation lente (36 à 48h) afin que soit développé une riche palette d’arômes. Notre alambic discontinu permet de sélectionner et concentrer ces arômes que nous retrouvons dans l’eau-de-vie qui titre 80° en sortie de colonne de rectification. Nous apportons ensuite une attention particulière à l’aération et à la réduction lente qui permettent au rhum d’acquérir de la souplesse tout en conservant ses notes suaves d’origine, marquées par la menthe, la poire et le sucre chaud.
TDR : quelle est aujourd'hui le développement des Rhums Manutea de Tahiti au niveau international...Sur quel Marché voulez-vous vous diriger ?
Le rhum agricole est une exception française qui séduit peu à peu de nouveaux consommateurs au-delà de nos frontières, mais nous avons fait le choix de nous positionner sur le marché métropolitain qui sera plus réceptif. Nos rhums racontent une histoire, celle des Polynésiens qui ont conquis le Pacifique Sud grâce aux pirogues doubles et à leurs connaissances inégalées de la navigation traditionnelle aux étoiles. Tahiti, c’est aussi un terroir unique au monde et un sanctuaire préservé de toutes formes de pollution. C’est un territoire français et les passerelles sont fortes sur la métropole qui sera notre porte d’entrée sur le vieux continent. 3 000 bouteilles de nos deux rhums blancs quitteront Papeete le 14 juillet prochain (c’est un signe) pour rallier Le Havre le 8 septembre. Lancement officiel le 2 octobre sur un réseau de cavistes et CHR.
